Vieillissement des travailleurs, challenge des TMS, mesures prises après la vague de suicides de 2007, Hugues Leloix, médecin coordinateur du groupe PSA, revient sur la politique santé sécurité de l'industriel, en insistant sur le rôle, d'après lui essentiel, des managers.
Hugues Leloix : Dans une entreprise industrielle c'est important d'anticiper cette question parce que l'on fonctionne souvent par vagues de recrutements. De fait, on a donc des populations qui ont des âges assez homogènes, qui vieillissent toutes en même temps. Nous avons actuellement dans le groupe PSA une moyenne d'âge assez élevée, proche de 50 ans.
Hugues Leloix : La première des choses c'était de faire prendre conscience du problème, des impacts que cela peut avoir en matière de maintien dans l'emploi et de capacités à faire fonctionner des installations. Au sein du groupe, une personne s'occupe du maintien dans l'emploi, de l'employabilité, avec qui je travaille au quotidien et dont la responsabilité est d'animer toutes les démarches qui vont permettre d'anticiper ces problématiques, avec les ergonomes par exemple.
Hugues Leloix : Comment on peut éviter que les situations de travail aient un impact significatif sur leur santé et sur leurs capacités à travailler ? Comment prévoir l'évolution de l'état de santé ? Quels aménagements on peut mettre en œuvre ? Souvent, il s'agit d'aménagements lourds en fait. Les process industriels ne sont pas si immuables qu'on peut l'imaginer. Les choses changent régulièrement et les aménagements qu'on a pu faire sont démantelés donc il faut en permanence accompagner ces processus. D'où le rôle de l'ergonomie de conception et l'ergonomie de correction.
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Hugues Leloix : On travaille dans une entreprise industrielle : il y a un peu près les deux tiers de population qui a des tâches manuelles. C'est un vrai challenge. Encore une fois, la partie employabilité est importante, cela consiste à regarder comment on peut continuer à employer des personnes qui ont ces types de problèmes, faire en sorte que TMS ne soit pas égal à sortie de l'emploi. Concernant la prévention, on a une cinquantaine d'ergonomes dans le groupe, qui travaillent sur la conception, les projets et les aménagements des postes. Mais le monde industriel est changeant donc il faut donner aux managers des éléments qui leur permettent de savoir à quel moment les modifications qu'ils ont faites risquent d'avoir un impact sur l'ergonomie et les risques de TMS. Concernant la prévention chez les personnes en situation de travail, on engage chaque salarié à exprimer les difficultés qu'il peut avoir dans la réalisation de son travail, et d'être très attentif aux modifications de son ressenti. Si d'habitude il fait un geste et que brutalement il a des difficultés à le faire, on lui demande d'en parler à son responsable au plus vite afin de traiter le problème avant de ressentir une douleur et de devoir consulter. L’objectif est d’agir le plus en amont et le plus rapidement possible pour éviter la survenue de TMS.
Hugues Leloix : Oui, au manager. Je suis convaincu que la santé au travail ne relève pas du service de santé au travail. Nous sommes conseillers de l'entreprise et des salariés, mais si c'est le médecin qui est seul responsable de la santé, cela ne peut pas marcher.
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Hugues Leloix : Il y a dix ans, dans l'entreprise, quand le médecin parlait de RPS il n'était pas très écouté. Aujourd'hui la plupart des managers ont une formation concernant les risques psychosociaux. On est passé d'un moment où on a pas trop compris ce qui nous arrivait à un moment où nous avons un dispositif très structuré. Dans chaque établissement, existe une structure virtuelle qui réunit le secrétaire du CHSCT, le médecin du travail, l'assistante sociale et le DRH du site. On convient de s'appeler si on prend connaissances d'une situation critique. Ce réseau de vigilance nous permet de ne quasiment pas passer à côté de ces situations. On est maintenant très sensibles à la façon dont on peut aider les managers à être plus pertinents. Tout le monde est motivé sur ce sujet. Ce qui a été vécu a été un choc pour l'entreprise, c'est ce qui permet d'expliquer pourquoi notre dispositif est comme cela aujourd'hui.
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Hugues Leloix : Aujourd'hui on est à 7,5 en taux d'excès de stress. Sachant que les salariés répondent à un questionnaire dont le score permet de les classer en peu de stress, stress moyen, excès de stress. Tous se voient proposer ce questionnaire. Tous les ans, près d’un salarié du groupe sur trois est ainsi évalué.
Hugues Leloix : Cela dépend des situations parce que nous avons de nombreux établissements. En 2007, à la surprise générale, nous nous sommes rendus compte que les opérateurs étaient plus stressés que les cadres. Maintenant, on voit des variations en fonction de la vie de l'entreprise. Nous avons un taux de 7,5 d'excès de stress, il est probable qu'on ne sache pas faire beaucoup plus bas, on essaie plutôt d'augmenter la proportion des salariés qui sont en "peu de stress", d'avoir un impact favorable sur la motivation professionnelle, et faire en sorte que tous les changements qui se passent dans l'entreprise se fassent sans excès de stress.
Hugues Leloix : C'est un gros changement. J'ai des collègues médecins du travail qui l'accompagnent. Un plan de formation a été mis en place exprès. On permet, par exemple, aux gens d'exprimer localement, anonymement, les difficultés qu'ils ressentent, via des tableaux dans les services. Vous savez la question du stress et de l'accompagnement du changement ce ne sont pas que des grandes idées. Ce sont aussi des petites choses très pratiques : il manque une prise, la cafetière s'est éloignée de cinq mètres... Ce déménagement est accompagné comme tous les changements, et même de manière peut-être un peu plus intense parce qu'il s'accompagne d'un changement des modes de travail : l'entreprise évolue notamment vers le zéro papier.
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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
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